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vendredi 10 juillet 2020

L'auto-édition ou l'ubérisation du monde du livre



L'auto-édition ouvre à chacun la possibilité de proposer sa production littéraire sans prérequis. C'est une chance formidable pour de nombreux auteurs, qui peuvent trouver là une issue à leurs œuvres et partir à la conquête d'un lectorat. C'est aussi un champ d'expérimentation passionnant, car libéré des contraintes économiques ; il a permis à de nouveaux auteurs d'émerger. 

Quel avenir littéraire ?

De là à imaginer qu'il pourrait constituer l'avenir de la création littéraire, il faudrait au préalable que des structures autonomes s'approprient la mission d'orpaillage remplie depuis l'invention du livre par les éditeurs. Sans ça, les pépites qui sommeillent dans le limon ne remonteront jamais à la surface.

La littérature aura également toujours besoin d'acteurs économiques capables de prendre des risques financiers pour promouvoir des auteurs et leur œuvres. C'est le rôle des maisons d'éditions qui ont, jusqu'à aujourd'hui, contribué à l'émergence de nouveaux talents, souvent à contre-courant.

Il faut des orpailleurs

Ce temps est révolu. L'heure n'est plus à l'aventure éditoriale. Très peu d'éditeur - et de moins en moins les grosses maisons - ne s'égarent plus en dehors des sentiers battus. On se rachète les droits à travers les frontières, on re-publie les valeurs sûres et on ressort jusqu'à plus soif des resucées d'écrivains confirmés, garantis rentables. Le business est compliqué. Il faut débiter du best seller à flux tendu. 

Dans cette quête du bon coup, une nouvelle pratique émerge : la récupération de succès auto-édités. On repère un auteur dont les e-books s'écoulent comme des petits pains, dont la communauté fourmille de fans, et on le signe pour une aventure sous maison d'édition. Le risque est modeste, le potentiel financier conséquent.
Cette nouvelle chance offerte à des talents qui le valent bien mais que n'ont pas su repérer ceux dont c'est le métier, constitue avant tout un oral de rattrapage à moindre frais pour les éditeurs.

Les auteurs ne peuvent que se réjouir de cette reconnaissance au mérite. Mais la littérature y trouvera-t-elle son compte ? Quel public enthousiaste signalera demain le futur Julien Gracq auto-édité ?
Peut-être se trouvera-t-il un jour un nouveau génie de la langue parmi la multitude des nouveaux auteurs aspirant à se faire repérer, mais les tendances de l'auto-édition n'y sont pas propices.

Feel-good, new romance, heroïc fantasy, trio de tête

Entre feel-good, new-romance et heroïc fantasy, se glissent quelques thrillers, des polars et un peu d'érotisme. La thématique supplante la démarche littéraire et la créativité se perd au profit de la reproduction. 
Loin de moi l'idée de déprécier la qualité des auteurs ni leurs choix. Tout ce que j'ai pu lire est plaisant et il y a beaucoup de belles choses.
Mais sans un éditeur exigeant, à l’œil affûté, pas même le plus talentueux des auteurs auto-édité n'ira explorer les rives inexplorées de son talent. L'auto-édition incite ses auteurs à suivre le courant. Il faut être accompagné pour prendre des risques. 


mercredi 24 juin 2020

Le Gaulois réfractaire distribue les baffes



Philippe de Villiers
a profité du confinement pour peaufiner un pamphlet dont ils sont peu désormais à avoir le secret. "Les Gaulois réfractaires réclament des comptes au Nouveau Monde" est donc sorti sans coup férir, pour mieux les faire pleuvoir sur la bande de bras cassés qui a laissé courir le virus à travers le pays et outre les frontières.

L'occasion était belle de montrer du doigt les conséquences du  libre-échangisme et de la désertification industrielle du pays. L'auteur n'a en effet eu de cesse par le passé que de les dénoncer à longueur de campagnes européennes et présidentielles, sous les quolibets, le plus souvent. Il était légitime à sortir ce livre de comptes pour présenter l'addition, tandis que la plupart des conséquences prédites se réalisent.

La douloureuse est lourde, aggravée qu'elle est par deux mois d'arrêt complet de l'économie. L'épidémie était pourtant programmée. De nombreux experts en avaient détecté les dangers. Nul politique ne pouvait en ignorer l'augure. 

Invité de plateaux en plateaux pour défendre son opuscule qui caracole en tête des ventes - et c'est mérité - l'ancien président du Conseil Général de Vendée égrène ses estocades avec jubilation. Ils sont peu à y échapper et surtout pas les membres du gouvernement.

Comble de malchance pour le Nouveau Monde, le risque de partition de la société n'a jamais été aussi sensible. Là encore, Philippe de Villiers, qui est un gourmet en la matière, ne boude pas son plaisir de rappeler ses oracles.

"Les Gaulois réfractaires réclament des comptes au Nouveau Monde" est un pamphlet politique. Il hérissera très fort les adversaires du Vendéen le plus célèbre de la Vème République. D'autant que la plume est acérée, juste précise : "A la fin de l'envoi, je touche".  






vendredi 19 juin 2020

Jean Raspail dans le dernier canot d'écorce pour le royaume au-delà des mers


"Le roi est mort, vive le roi ! " C'est le dernier livre de Jean Raspail entre les mains que j'ai appris son rappel à Dieu. Disparition, décès, mort, ces termes sont impropres concernant un auteur dont l'oeuvre ne va cesser d'alimenter ni les pensées ni les conversations. Les unes pour le meilleur et les autres pour le pire.

Je m'étais promis de lui adresser le premier exemplaire imprimé de mon roman, dont au moins trois des personnages sont patagons, discrètement, comme un clin d’œil. Trop tard. J'ai adressé son exemplaire à qui de droit à la Chancellerie du Royaume.

J'ai été bercé par les chemins d'eau du roi, j'ai chevauché aux côtés des sept cavaliers au crépuscule, j'ai cheminé de nuit vers un sacre à Reims, j'ai rêvé de lignées de Pikkendorff, je me suis endormi au son des tambours sur la neige. Et toujours régnait Orélie-Antoine sur un royaume de glace et de rêves, une flamme au cœur.

L'oeuvre de Jean Raspail répond en écho à un besoin d'élévation. Elle distille de la hauteur d'âme. Elle enveloppe de panache l'existence, de quoi embellir la grisaille et parer l'ordinaire d'élégance.

Auteur d’altitude il a hissé vers les cimes quelques chasseurs d'éternité, bâtisseurs d'Histoire, aventuriers, marins, soldats, scouts ou simples rêveurs. Ses livres alignés au rayonnage comme les gardiens du fort, compagnons de voyages, serrés dans un havresac, ou veilleurs au guet d'un chevet, remplissent chacun leur mission élémentaire : entretenir la flamme.

Les lecteurs de Raspail savent que le volume le plus emblématique de sa bibliographie n'en est pas l'essence. Le camp des saints est significatif à bien des égards, mais il est insuffisant pour saisir le souffle qui habite l'ensemble et se répand avec d'infinies modulations dans chaque parcelle. 

Il est en revanche symptomatique du temps - si bien compris par l'auteur - que ses détracteurs s'en tiennent à ce livre symbolique, celui-là qui en décrit la déréliction. Les clébards patentés ont dressé derechef leurs bastions branlants aux confins de Patagonie, de crainte que l'endormissement du vieux sage au regard si perçant, dans le fracas d'un chaos qu'il avait prédit, n'éveille à la conscience les esprits embués.

Un canot d'écorce, où fume un brandon, l'a emporté par des canaux incertains, vers une terre de feu et de glace, dans un silence cathédral. Sept cavaliers, un enfant roi et un pêcheur d'âmes l'attendaient, impassibles, aux rives du royaume au-delà des mers, peuplé des derniers fils des civilisations perdues. 

Il était trop tôt pour nous.




mardi 16 juin 2020

La fabrique des bâtards : titre censuré des pubs facebook



Le titre de mon livre n'est pas convenable ! Il ne correspond pas aux valeurs de Facebook. J'ai fait cette découverte en finançant mon premier post "sponsorisé", suite à une proposition du réseau social qui me disait en substance : "cette publication est plus populaire que les autres, touchez des milliers de personnes..."


Avide de faire croître ma "communauté" en vue de faire découvrir mon oeuvre injustement méconnue, j'ai souscrit à l'offre. Et là, surprise !
"Votre publication ne répond pas au standards de la communauté, blablabla " Motif : on n'utilise pas de mots "insultants" ou "grossiers" sur Facebook.

Je présume que le mot grossier est "bâtards", largement employé à des fins d'injures en langage fleuri des quartiers et très souvent accompagné de considérations peu bienveillantes à l'égard de la profession présumée de la maman dudit interpellé. 

Donc voilà, à chaque fois que j'ai essayé de booster un post comportant le titre de mon roman "La fabrique des bâtards", je me suis heurté à cet écueil. 

C'est pourquoi je l'écris désormais en remplaçant les a de bâtards par des fleurs de lys. C'est fleuri, plus joli et aussi plus poli, selon les censeurs de la novlangue.

Pour lire le roman cliquez ici. 

vendredi 12 juin 2020

Ami cisgenre non racisé, confesse tes crimes !


Dans une vidéo postée voici un an, Sanglier Sympa montrait les dérives de la bien-pensance institutionnalisée, à Evergreen, une université américaine. Cette vidéo prend aujourd'hui tout son sens, en pleine mise en oeuvre à grande échelle du principe de racisme systémique. 

Pour comprendre comment, aux USA et dans le monde entier, des personnes apparemment saines de corps et d'esprit en arrivent à poser le genou à terre pour demander pardon de crimes qu'elles n'ont pas commis, il suffit de savoir que l'alpha et l'omega du progressisme réside désormais dans la reconnaissance de dominations présupposées.

L'université d'Evergrenn expérimente in-vivo cette idéologie, jusqu'à l'absurde. Cette estimée institution concentre ce qui se fait de mieux en matière de perspective à quoi devrait aboutir notre civilisation et passe par l'atomisation des communautés façon puzzle. 

Préparez-vous à pratiquer l'auto-flagellation à la mode Mao revisitée selon les critères des luttes intersectionnelles. Sanglier Sympa nous fait découvrir ce modèle de phalenstère du XXIème siècle.

Vous devez savoir au préalable, qu'à moins d'être transgenre, racisé, non éduqué, handicapé, vous bénéficiez nécessairement d'un nombre incalculable de privilèges qu'il vous faudra reconnaître publiquement. Vous êtes également nécessairement raciste, y compris si vous faites partie de SOS Racisme et avez participé à la marche des beurs. Tout non-racisé [blanc européen] est affecté depuis sa naissance par ce péché originel que nul baptême ne permet d'expier.




On découvre dans la vidéo ci-dessous comment une institution universitaire pratique l'autocritique publique et l'inflige aux professeurs et à la hiérarchie, avec une violence inouïe, au prétexte d'un racisme systémique présumé, dont il est même interdit de réclamer la preuve. La science et la réflexion relevant du privilège banc, leur usage en vue de contestation n'est pas permis.

Vous allez dire, "pas chez nous !" Eh bien détrompez-vous ! Cette pensée est très précisément celle qui s'immisce lentement dans les université française, qui sera 
donc celle des enseignants dans les années à venir et sera diffusée dans les écoles ; puisque c'est ainsi que le progressisme le plus abscons trace sa route depuis désormais plus d'un demi-siècle.

Au bout du chemin se trouve la partition absolue de la société : le pauvre face au riche, le handicapé face au bien-portant, le racisé contre le blanc, le savant contre l'ignorant, l'homme contre la femme, le cisgenre contre le transgenre, le fils contre le père, la fourmi contre la cigale, le végan contre le viandard, jusqu'à l'inifni, ad nauseam.


vendredi 5 juin 2020

Plus rien ne devait être comme avant et voici que tout recommence


Des énervés éructent dans des porte-voix. Des reporters des luttes sociales en diffusent les images en direct sur des réseaux dits sociaux et des ânalystes ânonnent doctement en boucle dans les postes de télévision. 
Le voici donc le monde d'après.
Les esprits savants l'avaient prédit : "plus rien ne sera jamais comme avant cette épidémie : il y aura un avant et un après". Je ne vois pas encore la différence.

Les révolutionnaires du monde juste avant étaient en jaune, ils criaient à l'injustice et des petits bourgeois masqués enflammaient les centres-villes aux côtés de racailles en survêtement. Ceux du monde juste après sont en couleur, ils crient à l'injustice et des petits bourgeois masqués enflamment les centres-villes, accompagnés de racailles en survêtement.

Et tous ces courageux révolutionnaires s'en retournent chez eux consommer à outrance en dépit des milices présupposées fascistes, des violences policières et des hordes racistes.
La lutte se poursuit sur Twitter à coups de hashtags et les souris accouchent d'une montagne qui leur masque l'horizon. 



Le monde d'après qui vient est déjà là. Il se repaît des divisions et des haines recuites. Il se défie de l'intersectionnalité et de la lutte des sexes comme de celle des races et de la tectoniques des plaques. Il lui suffit que circulent librement les êtres et les biens ; les premiers au services des seconds.

Emmuré pour la Première Guerre Mondiale  de l’Asepsie, chacun avait pu introspecter son surmoi en vue de déterminer ses responsabilité dans une infection planétaire. Des voix s'étaient élevées pour appeler à circonscrire les activités humaines aux frontières des pays et de la raison. 

Et chacun d'opiner entre deux séries Netflix sur des écrans made in China, le fessier enserré dans des nippes cousues par des mains d'enfants bengalis. Et sonnait à la porte le livreur sous-payé Uber-eat, ou celui d'Amazon... Surtout, ne jamais cesser de consommer.

Le monde d'après est là. Il cultive sa mythologie nourrie de monstres à tête d'homme. La crainte rassemble le troupeau sous la houlette du berger. Sans loup pas de troupeau protecteur ni de pasteur tout-puissant.