L'opération de greenwashing sur fond de récupération politique ne passe pas au Festival d'Angoulême. |
Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême, FIBD, va ouvrir ses portes (du 17 mars au 20 mars 2022) après une année sans, pour cause de Covid-19 et avec des difficultés financières. L'édition 2022, qui devait se tenir en janvier, a été retardée, en raison de la quatrième vague et l'absence de millésime 2021 à fait un trou dans la caisse.
La tenue du FIBD devrait être une fête pour tous les bédéphiles, auteurs et scénaristes, qui ont été sevrés de leur plus grande manifestation, mais l'inauguration va être entachée par une nouvelle polémique, sur fond de politique.
En 2021, le Festival a annoncé la création d'un prix voué à récompenser une oeuvre sur le thème de l'écologie. Ce nouveau prix avait fait des bulles, dans un premier temps, chez certains auteurs, qui contestaient sa mise en place. En effet, depuis 1997, le prix Tournesol, décerné par Les Verts EELV, en marge du Festival, récompense, lui aussi les auteurs jugés écolos. L'organisation leur a répondu qu'elle ne souhaitait pas être associée à un parti politique.
Un prix vert en carton
L'affaire aurait pu en rester là, si les jurés n'avaient soi-disant réalisés, sur le tard, que le nom de la récompense "prix éco-fauve Raja" puait désormais, selon eux, la peinture verte et le greenwashing. Le sponsor du trophée est en effet Raja, industriel de l'emballage. Le jury dans son entier a donc jeté l'éponge, bio, et au moins trois auteurs pressentis se sont retirés du concours.
Pas très emballés, ils se sont livrés à un grand déballage, notamment sur les réseaux sociaux.
L'organisation s'est défendue en arguant que les temps sont durs et que le soutien sans faille de l'industriel de l'emballage méritait bien un renvoi d'ascenseur. Un argument aussitôt interprété : quand les caisses sont vides, l'argent n'a pas d'odeur et tant pis pour la chlorophylle.
Si on résume l'histoire, le Festival d'Angoulême s'est acheté une conscience verte en carton dans l'air du temps, mais s'est pris, par effet boomerang, un retour de baton de la part des radicaux écolos, intransigeants.
Le coup de pied de l'âne vert
On peut aussi y voir la marque du mécontentement des inventeurs du prix Tournseol, privés en quelque sorte de leur contribution pirate à l'événement, vouée à passer à l'as derrière une récompense officielle.
Le FIBD pensait sans doute en avoir fini avec les bad strip en trouvant le moyen de rémunérer auteurs et scénaristes soumis à des heures de dédicaces ininterrompues. Un certain nombre avait en effet menacé de coincer la bulle en rangeant les stylos. C'est donc le ministère de la Culture qui les rémunérera, dans le cadre d'une convention signée récemment.
Avec tout ça, on en aurait presque oublié que la BD est une fête et que l'édition 2022 du festival d'Angoulême propose de belles expos, dont celle consacrée au papa d'Astérix, Goscinny. Mais peut-être que ces revendications sont à leur manière un hommage à celui qui avait œuvré en son temps à la création d'un syndicat des scénaristes.