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mardi 15 mars 2022

Polémique au salon de la bande dessinée d'Angoulême : l'effet boomerang

L'opération de greenwashing sur fond de récupération politique ne passe pas au Festival d'Angoulême.


Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême, FIBD, va ouvrir ses portes (du 17 mars au 20 mars 2022) après une année sans, pour cause de Covid-19 et avec des difficultés financières. L'édition 2022, qui devait se tenir en janvier, a été retardée, en raison de la quatrième vague et l'absence de millésime 2021 à fait un trou dans la caisse.

La tenue du FIBD devrait être une fête pour tous les bédéphiles, auteurs et scénaristes, qui ont été sevrés de leur plus grande manifestation, mais l'inauguration va être entachée par une nouvelle polémique, sur fond de politique.

En 2021, le Festival a annoncé la création d'un prix voué à récompenser une oeuvre sur le thème de l'écologie. Ce nouveau prix avait fait des bulles, dans un premier temps, chez certains auteurs, qui contestaient sa mise en place. En effet, depuis 1997, le prix Tournesol, décerné par Les Verts EELV, en marge du Festival, récompense, lui aussi les auteurs jugés écolos. L'organisation leur a répondu qu'elle ne souhaitait pas être associée à un parti politique.

Un prix vert en carton

L'affaire aurait pu en rester là, si les jurés n'avaient soi-disant réalisés, sur le tard, que le nom de la récompense "prix éco-fauve Raja" puait désormais, selon eux, la peinture verte et le greenwashing. Le sponsor du trophée est en effet Raja, industriel de l'emballage. Le jury dans son entier a donc jeté l'éponge, bio, et au moins trois auteurs pressentis se sont retirés du concours.

Pas très emballés, ils se sont livrés à un grand déballage, notamment sur les réseaux sociaux.

L'organisation s'est défendue en arguant que les temps sont durs et que le soutien sans faille de l'industriel de l'emballage méritait bien un renvoi d'ascenseur. Un argument aussitôt interprété : quand les caisses sont vides, l'argent n'a pas d'odeur et tant pis pour la chlorophylle.

Si on résume l'histoire, le Festival d'Angoulême s'est acheté une conscience verte en carton dans l'air du temps, mais s'est pris, par effet boomerang, un retour de baton de la part des radicaux écolos, intransigeants. 

Le coup de pied de l'âne vert

On peut aussi y voir la marque du mécontentement des inventeurs du prix Tournseol, privés en quelque sorte de leur contribution pirate à l'événement, vouée à passer à l'as derrière une récompense officielle.

Le FIBD pensait sans doute en avoir fini avec les bad strip en trouvant le moyen de rémunérer auteurs et scénaristes soumis à des heures de dédicaces ininterrompues. Un certain nombre avait en effet menacé de coincer la bulle en rangeant les stylos. C'est donc le ministère de la Culture qui les rémunérera, dans le cadre d'une convention signée récemment.

Avec tout ça, on en aurait presque oublié que la BD est une fête et que l'édition 2022 du festival d'Angoulême propose de belles expos, dont celle consacrée au papa d'Astérix, Goscinny. Mais peut-être que ces revendications sont à leur manière un hommage à celui qui avait œuvré en son temps à la création d'un syndicat des scénaristes. 


vendredi 4 mars 2022

Les échangés, roman zemmourien : petit troll anonyme, merci !

Les échangés, roman zemmourien, selon un troll. Merci à toi, petit hater.

Ce billet est pour toi, petit troll planqué derrière ton clavier, nourri de rancune rance, hater impuissant et lobotomisé. Je t'attendais depuis quelques années déjà. Tu es arrivé, masqué, veule, bileux, tout tremblant de tes haines recuites et tu a posé ton minuscule commentaire sur mon livre : "à vomir".

Les échangés, roman Zemmourien

La tête sur la cuvette, tu as exprimé le propos binaire qui t'anime. Le bouquin en question, "Les échangés", tu l'as trouvé "zemmourien". Selon le logiciel qui te tient lieu d'esprit, ce devait être le sommet de l'argument littéraire, l'alpha et l'omega de l'analyse politique.

Tu aurais pu faire mieux, t'exprimer sur l'écriture, juger les personnages, casser l'intrigue, je ne sais pas, argumenter un peu le cheminement qui t'a conduit à cette brillante critique. Tu t'es contenté de te vider de ta maigre substance : "à vomir, car zemmourien". Tu m'as déçu. Je tire la chasse.

Tu m'as déçu, mais tu m'as rendu service. Je ne vais pas raconter que la minuscule étoile qui fait baisser mon référencement sur Amazon m'a réjoui. Bien sûr qu'elle me nuit ; nuire, d'ailleurs, n'est-ce pas ta raison d'être ? Tu me serais tombé sous la mains quand je l'ai vue, je t'aurais aplati.

Avis aux électeurs de Zemmour

Je te dis merci, donc, car tu ouvres le champ de mes lecteurs aux zemmouriens qui n'auraient pas eu l'idée de s'intéresser à mon roman sans ton éructation. Ton intervention me donne l'occasion de les inviter à me lire. Ils pourraient apprécier.

Tu as sans doute raison, dans le fond : il y a quelque chose du constat d'Eric Zemmour dans ce récit. L'histoire des échangés se déroule dans une France en proie aux émeutes, fractionnée, divisée, sous un régime corrompu. Ce n'est pas loin du tableau que le candidat à la présidentielle dépeint de notre pays. "Le Grand Remplacement n'est pas loin" ; c'est ce que tu as du te dire. Si d'ailleurs tu avais eu un peu de culture, tu aurais plus qualifier ce roman de camusien.

Mais un roman ne constitue ni un manifeste ni un programme politique. C'est juste une histoire. Chacun y trouve ce qu'il y emporte. Toi, je te soupçonne de t'être reconnu dans les personnages les plus tordus de cette aventure. J'ai ma petite idée à ce sujet. Et j'aimerai bien que mes lecteurs me disent auquel ils t'affecteraient...