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mardi 8 septembre 2020

Le business de la procréation existe bel et bien, la preuve, il tient salon



Le salon désir d'enfants a eu lieu à Paris les 5 et 6 septembre 2020. L'événement aurait pu passer inaperçu et c'eut été dommage. J'aurais manqué pour ma part cette révélation que La fabrique des bâtards s'inscrit dans une réalité. 

Certains lecteurs m'avaient jusqu'ici contesté la réalité, voire même la possibilité d'une marchandisation de la fécondité. J'avais beau pointer du doigt l'existence de services de coparentalité en Europe et en France, beaucoup ne croyaient pas en l'éventualité d'une libéralisation du commerce du sperme comme de la gestation, ou de tout acte procréatif.




Le salon "Désir d'enfant" est donc venu confirmer la justesse de mon intuition. Non que je désire absolument que l'enfant tombât de manière définitive dans le domaine du commerce, mais parce que cette forte conviction qu'une telle déviance est engagée est le point de départ de la fabrique des bâtards.

Les personnages de mon roman ont des avis tranchés sur le sujet. Je suis persuadé que nul ne peut rester neutre à propos de ces perspectives qui interrogent très fortement nos perceptions de la nature humaine. Il en va de nos liens à nos familles et de nos relations sociales, mais aussi de nos visions de la transcendance. 


mercredi 22 juillet 2020

Mai 68 chez Louis XVI, les souvenirs d'un esprit libre

Hervé Louboutin, dans un des lieux qui évoquent ses auteurs fétiches (photo HL/Facebook)

Autant l'écrire tout de suite, je connais bien Hervé Louboutin. J'ai aimé travailler avec lui et participer à ses aventures éditoriales. Il fait partie des quelques hommes libres de la profession journalistique, peu friands du copier-coller, de la répétition et de l'humeur au diapason.

"Mai 68 chez Louis XVI", roman auto-biographique, esquisse la trajectoire d'un amoureux des mots et du sens. L'auteur s'y dissimule à peine derrière le personnage principal d'Henri. Lui voulait devenir avocat, son meilleur ami envisageait la prêtrise ; le Destin en décidera autrement. Il sera donc journaliste. 

Quand il ne se formatait pas dans les écoles, le journalisme pouvait être un accident de parcours, une chance à saisir. 

Hervé-Henri fréquentait le lycée alors que commençait à diffuser dans le corps enseignant les idées neuves pourtant déjà éculées. On y croisait encore quelques esprits revêches aux tendances. Ainsi vint au futur rédacteur en chef de Presse O' le goût de philosopher et de la littérature, par la grâce d'un professeur à contre-courant, de ceux qui marquent les jeunes esprits.

Mai 68, le virage d'une vie

Henri a observé mai 68 depuis le cercle Louis XVI peuplé de "plus de chevalières que de chevaliers". C'est le point de départ d'un récit qui est tout autant une balade littéraire qu'une galerie de portraits où figurent en bonne place Julien Gracq, Chateaubriand, Raspail, Philippe de Villiers, PPDA..., sur fond de Grand Ouest, entre Normandie et Vendée. 
Henri témoigne des dernières grandes heures de la PQR (presse quotidienne régionale). La normalisation des esprits a eu sa peau, au bénéfice du journalisme syndical normalisé et de la concentration. 

Hervé a osé l'aventure de l'indépendance en lançant un news magazine et un certain nombre de déclinaisons locales de versions féminines. Son roman place sous le jour des convictions le parcours du "Citizen Kane à la Nantaise", comme le nommait souvent la Lettre à Lulu, un mensuel satirique pas toujours inspiré.

- Mais 68 chez Louis XVI - Editions les Chantuseries - 16€ Hervé Louboutin - ISBN : 979-10-90849-37-2 



vendredi 10 juillet 2020

L'auto-édition ou l'ubérisation du monde du livre



L'auto-édition ouvre à chacun la possibilité de proposer sa production littéraire sans prérequis. C'est une chance formidable pour de nombreux auteurs, qui peuvent trouver là une issue à leurs œuvres et partir à la conquête d'un lectorat. C'est aussi un champ d'expérimentation passionnant, car libéré des contraintes économiques ; il a permis à de nouveaux auteurs d'émerger. 

Quel avenir littéraire ?

De là à imaginer qu'il pourrait constituer l'avenir de la création littéraire, il faudrait au préalable que des structures autonomes s'approprient la mission d'orpaillage remplie depuis l'invention du livre par les éditeurs. Sans ça, les pépites qui sommeillent dans le limon ne remonteront jamais à la surface.

La littérature aura également toujours besoin d'acteurs économiques capables de prendre des risques financiers pour promouvoir des auteurs et leur œuvres. C'est le rôle des maisons d'éditions qui ont, jusqu'à aujourd'hui, contribué à l'émergence de nouveaux talents, souvent à contre-courant.

Il faut des orpailleurs

Ce temps est révolu. L'heure n'est plus à l'aventure éditoriale. Très peu d'éditeur - et de moins en moins les grosses maisons - ne s'égarent plus en dehors des sentiers battus. On se rachète les droits à travers les frontières, on re-publie les valeurs sûres et on ressort jusqu'à plus soif des resucées d'écrivains confirmés, garantis rentables. Le business est compliqué. Il faut débiter du best seller à flux tendu. 

Dans cette quête du bon coup, une nouvelle pratique émerge : la récupération de succès auto-édités. On repère un auteur dont les e-books s'écoulent comme des petits pains, dont la communauté fourmille de fans, et on le signe pour une aventure sous maison d'édition. Le risque est modeste, le potentiel financier conséquent.
Cette nouvelle chance offerte à des talents qui le valent bien mais que n'ont pas su repérer ceux dont c'est le métier, constitue avant tout un oral de rattrapage à moindre frais pour les éditeurs.

Les auteurs ne peuvent que se réjouir de cette reconnaissance au mérite. Mais la littérature y trouvera-t-elle son compte ? Quel public enthousiaste signalera demain le futur Julien Gracq auto-édité ?
Peut-être se trouvera-t-il un jour un nouveau génie de la langue parmi la multitude des nouveaux auteurs aspirant à se faire repérer, mais les tendances de l'auto-édition n'y sont pas propices.

Feel-good, new romance, heroïc fantasy, trio de tête

Entre feel-good, new-romance et heroïc fantasy, se glissent quelques thrillers, des polars et un peu d'érotisme. La thématique supplante la démarche littéraire et la créativité se perd au profit de la reproduction. 
Loin de moi l'idée de déprécier la qualité des auteurs ni leurs choix. Tout ce que j'ai pu lire est plaisant et il y a beaucoup de belles choses.
Mais sans un éditeur exigeant, à l’œil affûté, pas même le plus talentueux des auteurs auto-édité n'ira explorer les rives inexplorées de son talent. L'auto-édition incite ses auteurs à suivre le courant. Il faut être accompagné pour prendre des risques.